Ce roman conduit son lecteur
entre Suisse et Iran. Le personnage principal possède la double
nationalité : suisse par son père, iranienne par sa mère. Ce couple s’était rencontré en Iran et a
choisi la Suisse pour y élever et soigner leur enfant : Bénédict.
Adulte, Bénédict est désormais
appelé par les autres Maitre Laudes. C’est sous cette identité qu’elle enseigne
la littérature à l’université de Lausanne la moitié de l’année. L’autre moitié,
elle transmet son savoir à la faculté de Téhéran.
Le début du roman propulse le
lecteur dans une intrigue relativement classique : un professeur, un jeune
couple d’étudiants, des enjeux politiques. Puis ce chemin très balisé est
totalement bouleversé lorsque commence le long voyage de Bénédict pour l’Iran.
Le jeu des passions s’estompe, les enjeux politiques aussi. Le lecteur
accompagne alors Bénédict dans sa quête d’identité. Ce qui aurait pu se
présenter comme une énième réflexion sur la femme voilée, devient une immense
interrogation sur la quête d’identité du genre. On ne sait plus alors s’il
s’agit de femme dévoilée ou d’homme voilé. La seule certitude qui demeure est
l’arrière plan bestial d’une humanité sans mot.
Un très beau roman à
lire absolument en s’interrogeant autant sur la question du genre que sur le
pouvoir des mots. L’absence de –e à la fin du titre éponyme définit l’énigme du
roman.
"Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont
des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur
semble. Refusant le mariage comme le cloître, libérées de l’autorité des
hommes, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse
mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes
et des âmes, veille sur les lieux. Mais l’arrivée d’une jeune inconnue
trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces
imposées et la traque d’un inquiétant franciscain… Alors que le spectre
de l’hérésie hante le royaume, qu’on s’acharne contre les Templiers et
qu’en place de Grève on brûle l’une des leurs pour un manuscrit
interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger
Maheut, mais aussi leur indépendance et leur liberté.
Tressant les temps forts du règne de Philippe le Bel et les destins de
personnages réels ou fictifs, Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen
Âge méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant
l’heure, animent une fresque palpitante, résolument moderne."
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Notre avis :
Roman historique; magnifiques portraits de femmes; immersion dans un Paris médiéval... on aime!
Jeanne, ancienne
petite main à l'opéra Garnier, maintenant à la retraite, vit seule à Paris dans
une chambre sous les toits. Cette
octogénaire rompt la routine du quotidien en tapissant les murs de son
appartement de coupures de presse relatant des faits divers lui permettant de
nourrir son imaginaire et oublier sa solitude. Un
jour cependant, elle rencontre une jeune femme en pleurs venue s'asseoir à côté
d'elle dans le métro. Cette dernière lui raconte que son amant l'a éconduite. Jeanne
toujours prête à rendre service à ses semblables décide de rencontrer l'homme
coupable de l'abandon de la jeune fille. Ainsi
elle fait la connaissance de Paul Brideau, écrivain excentrique, coureur de
jupons, en manque d'inspiration. Éprouvant une certaine empathie vis à vis de
cet homme, elle décide de lui fournir un sujet de roman qui n'est autre que
l'histoire de Léna (Alexandra Grigorievna Popova) qui, un siècle plus tôt a tué
272 hommes volages au nom de la libération de la femme, une des histoires les
plus hallucinantes que Jeanne a punaisée sur son mur.
Nous
voilà transporté dans un voyage entre deux mondes en passant du Paris
littéraire de 2017 à la Russie prérévolutionnaire de 1909 et nous suivons
l'histoire du jeune Lénine et de Léna jeune fille amoureuse alors entièrement
dévouée à la cause du jeune révolutionnaire.
Ce
roman marie tendresse et humour malgré
la narration d'événements tragiques. On est rapidement pris par l'histoire
déroutante des protagonistes.
L’histoire : le livre débute par une lettre que
le Juge Berthier adresse à son épouse dans laquelle il s’interroge sur le
sens de la vie à Port-au-Prince, capitale haïtienne gangrénée par l’argent et
l’absence de justice : faut-il se taire ? ou se battre jusqu’à la mort ? Quel sera
son choix ? Les autres personnages, sa fille, Brune, son amoureux, son
oncle Pierre, Cyprien et ses amis, qu’ils soient étudiants, artistes ou
petits-bourgeois sont confrontés à divers évènements qui les obligent à choisir
aussi…
Le comportement de chacun d’eux est très
intéressant : on entre dans leur intimité et « leur déroute ».
L’auteur, Yanick Lahens étudie avec tendresse et finesse leurs désirs, leurs soucis
et enfin leurs décisions. Elle sait les rendre proches de nous et de nos
interrogations. Elle nous permet de mieux comprendre la société haïtienne et sa
capitale. Elle écrit avec un style particulier, coloré, parfois poétique et
étrange qui déroute au départ puis emporte
le lecteur tout doucement.