mardi 23 avril 2013

La première chose qu'on regarde - Grégoire Delacourt






Nous sommes en 2010 en Picardie dans le village de Long. Arthur Dreyfuss est un garagiste célibataire de 20 ans qui a quelque chose de l’acteur Ryan Gosling en mieux. Son emploi du temps oscille entre le garage où il travaille et le bar de Dédé la Frite. Jusqu’au jour où l’on frappe à sa porte et face à lui : l’actrice Scarlett Johansson, en personne. C’est l’apparition dans toute sa splendeur, un rêve éveillé, un miracle. En fugue du Festival de Deauville,  parce qu’elle veut oublier toute cette pression, oublier son agent, et veut être une fille comme les autres, Scarlett s’installe chez lui. La surprise passée, on apprend très vite que  Scarlett Johansson n’est pas celle que l’on croit ou plutôt la personne « visible » n’est pas « elle » : il s’agit de Jeanine Foucamprez, jeune femme sensible et sosie de l’actrice qui, elle-même, veut être une fille comme les autres. A partir de ce moment, nous allons réellement découvrir les personnages.  Lui, Arthur, le fils de Louis Ferdinand et Thérèse Lecardonnel, marqué par le deuil de sa petite sœur, par la disparition subite et mystérieuse de son père braconnier un soir en forêt, par l’alcoolisme de sa mère, gravement atteinte du Syndrome de Korsakoff. Elle, Janine, raconte ses failles, sa fragilité, sa candeur, ses tournées Pronuptia où elle officie en tant que mannequin. Elle narre les tentatives de séduction de la part de toute sorte d’homme, la douleur d’être le sosie d’une personne connue et de vivre dans son ombre, puis surtout les drames lorsqu’elle était enfant, les violences de son beau-père, le rejet de sa mère…

La première chose qu’on regarde est, en fait, une histoire d’amour magnifique et tragique.
Pour faire épanouir leur amour, les deux protagonistes devront affronter, ensemble, leurs souffrances, leurs blessures, leur passé ; aller au-delà de cette «première chose qu’on regarde».
C’est un livre sensible, émouvant mais aussi féroce, dur et noir. Il oscille entre légèreté, humour et gravité. Très vite, l’intrigue qui paraissait simpliste au départ se complexifie, portée entièrement par les deux personnages, plus profonds et plus fragiles que l’on imaginait, marqués par les manques, les épreuves, les deuils, les absences. Néanmoins, de multiples indices parsemés tout au long du récit nous annoncent le dénouement brutal et dramatique.
Mais, il y a de jolis moments, des sentiments, de l’humour, du décalé aussi, de la profondeur et de la réflexion sur le paraître, sur l’amour filial, sur la souffrance des êtres, sur le manque qui rend folle, et ce que l’enfance fait de nous.

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