L'auteur décide d'évoquer le maillon manquant à son projet de récit auto-biographique.
En 1958, elle a 18 ans et part monitrice dans une colonie de vacances. C'est la première fois qu'elle sort de chez elle, loin du regard scrutateur de sa mère et d'un milieu d'origine modeste dont elle subit péniblement le poids. Elle assiste chaque année à la messe du 15 août et, bien sûr, ne fréquente pas les garçons. La bulle éclate. C'est la folie. Elle connaît sa première expérience sexuelle, assez brutale, avec un garçon qui la repousse ensuite et en préfère une autre. Elle réitère l'expérience avec d'autres garçons et devient l'objet de moqueries au sein de la colonie. C'est la honte.
Pendant deux ans, le mal-être la ronge: aménorrhée, crises de boulimie, fuite de l'Ecole Normale où elle avait été reçue, séjour à Londres où, avec une copine, elle vole dans les magasins. Jusqu'au jour où l'écriture va la rendre à elle-même.
Plus que ce qu'elle raconte en l'analysant froidement au scalpel, avec la distanciation habituelle, c'est la réflexion sur la mémoire qui m'a paru intéressante. Comment retrouver, avec le plus d'exactitude possible, les impressions et les sentiments d'une gamine de 18 ans, totalement oie blanche, quand on a vécu entre temps les bouleversements des mentalités, quand on a lu Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, quand on a connu les expériences de la vie. "Explorer le gouffre entre l'effarante réalité de ce qui arrive au moment où ça arrive et l'étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé."
Ce sont ces aller et retours entre le présent (narré à la première personne) et le passé (évoqué avec la distance de la troisième personne), problème essentiel du récit autobiographique, qu'Annie Ernaux analyse avec subtilité.
CLIQUEZ SUR LA COUVERTURE POUR FEUILLETER QUELQUES PAGES!
____________
D'Annie Ernaux, nous vous proposons également:
L'Occupation
La Honte
La Place
Les Années
Passion simple
Une Femme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire