mardi 19 juin 2018

D'abord, ils ont effacé notre nom - Habiburahman




Habiburahman, un enfant Rohingyas, comme tant d'autres, se trouve apatride dans son propre pays, à l'âge de trois ans, puisqu'en 1982 la junte militaire, issue de l'ethnie majoritaire bamar de religion bouddhiste, décide de priver du droit à la nationalité toutes les minorités musulmanes du pays et plus particulièrement les musulmans de la région de l'Arakan. 
"D'abord, ils ont effacé notre nom" coécrit avec Sophie Ansel, journaliste de profession, est un témoignage poignant de cet enfant qui ne comprend pas la raison de l'acharnement accru que subissent les siens, humiliations, extorsion, arrestations arbitraires, expropriations et extermination ethnique. Elève brillant, l'auteur va se heurter à la difficulté de poursuivre ses études sous son aspect kalar, ethnie persécutée: "Je suis devenu le "Bengali", l'étranger de mes voisins, un de ceux qui se produisent aussi vite que des lapins et menacent d'envahir le pays. on nous appelle les "kalars", terme péjoratif pour les ethnies à la peau foncée". Il se voit contraint de changer d'identité "Nyi Nyi" et de verser des pots de vin pour être admis à l'université de Sittwé. Poussé par son professeur, il va militer pour la LND, parti de l'opposition de Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, comme chargé d'étude des Royingyas dans un espoir d'une Birmanie juste, diverse et unie. 
Dénoncé, il finit par fuir son pays natal et erre entre la Thaïlande et la Malaisie, dans des conditions terribles et implacables d'esclavage et de servitude. Après des années de galère, il réussit à rejoindre l'Australie, où il sera interné dans un centre de rétention. Il lui a fallu une grève de la faim pour dénoncer les conditions de détention de ces "Débris humains échoués sur les côtes, nous sommes  encore loin de retrouver notre dignité, et dans cette cage, nous perdons foi en la justice"....
Une fois libéré, il fait en sorte de porter devant les instances internationales la voix de son peuple qui fait face à un processus de purification ethnique et d'un déferlement de haine de la part des autorités birmanes envers les Rohingyas, qui sont contraints de se réfugier par masse au Bangladesh. 

Un témoignage très fort, à la fois cruel et émouvant, qui tire au clair le génocide actuel perpétré  envers la minorité Rohingyas permettant de faire la lumière sur la souffrance d'un peuple et sur son combat pour la survie...


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