En 1961, la famille juive roumaine de l'auteure arrive à Paris et s'y installe: grands parents maternels, arrière grand-mère, future mère et tante, encore adolescentes. Quand, plus tard, Sonia posera des questions sur le passé à Bucarest, elle se heurte au silence ou à quelques anecdotes convenues. D'où son désir d'en savoir plus et de comprendre le passé de ses ancêtres. Elle va donc enquêter, interviewer, fouiller les archives, la presse de l'époque pour combler les "blancs" du récit familial.
Et la découverte sera glaçante. Sa famille a subi le même sort que les Juifs d'autres pays sous le régime fasciste et le communisme - qu'ils ont portant fidèlement servi - n'a fait que prolonger et empirer leur situation. Le paroxysme étant ce trafic, ce commerce de Juifs embarrassants qu'on "exportait" en échange de livraisons contre du bétail, surtout des porcs (et pas n'importe lesquels: des landraces originaires du Danemark). Ceauçescu déclara sans vergogne: "Les Juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d'exportation". Mais, en général, le régime préférait taire cette odieuse réalité orchestrée par un passeur, le négociant britannique Henry Jakober, altruiste voulant sauver des Juifs ou salaud avide de fortune. On penche pour la 2e hypothèse.
En remontant dans le passé de sa famille, c'est toute l'histoire des Juifs roumains que l'auteur met à jour.
Désireuse d'endiguer l'émotion, Sonia Devillers adopte un style de froid constat journalistique, d'une ironie mordante où percent, en filigrane sa révolte et sa douleur.
C'est une dénonciation sans concession et d'une grande force.
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