Le récit s’ouvre sur le suicide d’une jeune
policière, Laura. Le lecteur apprend au cours des premières pages que son jeune
fils, Roberto, fut assassiné quelques
mois auparavant. Elle met fin à ses jours, accusée d’avoir tué à son tour. En
effet, le meurtrier de son fils est retrouvé mort, avec tous les stigmates de
tortures effroyables. Gonzalo, le frère de Laura, alors qu’il n’avait
que très peu de liens avec elle, entame presque malgré lui des démarches,
visant à prouver que sa sœur a bel et bien été assassinée, qu’elle
ne s’est pas suicidée.
Ce point de départ conduit alors le lecteur dans
le monde de la "Matriochka". Mais le vrai intérêt du roman est
ailleurs. En enquêtant sur cette sorte de mafia locale, Gonzalo réveille des
événements du passé qui mettent en jeu sa propre famille.
Le brio de ce roman tient dans sa capacité à
faire se rejoindre la petite et la grande Histoire. Le lecteur est embarqué non
seulement dans les eaux du passé, mais traverse terres et océans pour aller
jusqu’en Sibérie.
Ce roman est aussi le récit de certaines désillusions
politiques. Il montre également comment certains hommes ont cru en Franco ou
Staline, comment certains en sont revenus assez vite, comment d’autres ont
maintenu leur engagement coûte que coûte.
Déjà très dense, ce roman policier pose aussi la
question de la survie : jusqu’où un être humain peut-il aller dans
l’abjection lorsque sa propre survie est en jeu ? Cette problématique
donne lieu à des scènes très cruelles. Le lecteur est alors confronté au choix
de sauter quelques pages de temps à autre (cela ne gêne en rien la
compréhension globale du roman) ou de les lire malgré tout, par respect pour
ces êtres humains bien réels qui ont vécu douloureusement dans leurs chairs les
mêmes scènes au milieu du XXe siècle, quelque part sur le continent européen.
Le titre de ce roman policier est une clef
importante pour sa compréhension, puisque la mort du petit Roberto n’est qu’une
des nombreuses conséquences des flux et reflux de l’Histoire.
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Du même auteur, la bib vous propose aussi:
La Maison des chagrins
La Tristesse du Samouraï
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