Adélaïde a 9 ans. Alors qu'elle rentre chez elle, un homme la suit et la viole dans l'escalier. Elle le dit à ses parents. Une déposition est faite à la police où le délit est qualifié d' "attouchements sexuels". Le médecin confirme les faits.
Puis c'est le silence, l'amnésie post-traumatique. Plus personne n'en parle, ni la famille, ni la victime.
Mais Adélaïde va mal, très mal. Pendant 20 ans, ce qu'elle nomme les méduses colonise son corps: anorexie, boulimie, pensées suicidaires, cauchemars, crises de panique, incapacité à avoir des relations sexuelles épanouies. Elle multiplie les consultations chez les psychiâtres, suit des thérapies diverses, s'inscrit à des stages proposant des techniques de mieux-être. Mais rien ne parvient à empêcher les comportements extrêmes, l'alcool, la drogue, l'automutilation. Elle n'habite plus son corps. Elle se hait. Elle se détruit... sans établir le lien avec le viol.
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On ressort totalement bouleversé de cette lecture-choc. Un récit autobiographique sans concession et sans pathos avec une narration distanciée grâce à l'emploi de la 3e personne. L'auteur analyse les faits et les symptômes du stress post-traumatique avec une précision clinique.
Pourquoi avoir écrit ce témoignage? D'abord pour elle: "De l'écrire me renoue, me relie, me répare". Mais aussi pour que chacun prenne conscience des séquelles du viol, de la nécessité d'en parler, de ne pas s'enfermer dans le silence, la honte et la culpabilité. Enfin l'auteure estime - à juste titre - que l'on s'occupe beaucoup trop des criminels et qu'il serait temps de faire entendre la voix des victimes.
C'est une lecture éprouvante, glaçante qui m'a souvent mise dans une position gênante de voyeurisme (notamment lors des récits des victimes). Mais c'est un ouvrage courageux, écrit avec une grande maîtrise.
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