mardi 31 mars 2015

Le principe - Jérôme Ferrari



Jérôme Ferrari est fasciné par l'ambiguïté du personnage de Werner Heisenberg. Ce physicien allemand a reçu le Prix Nobel en 1933 pour avoir fondé les bases de la physique quantique avec l'énoncé du principe d'incertitude affirmant que "la vitesse et la position d'une particule élémentaire sont liées de telle sorte que toute précision dans la mesure de l'une entraîne une indétermination proportionnelle et parfaitement quantifiable dans la mesure de l'autre." Donc un personnage d'une intelligence exceptionnelle et par là-même admirable.
Mais le même Heisenberg va participer aux recherches sur la bombe atomique allemande (parallèlement aux recherches américaines), refuser de quitter l'Allemagne d'Hitler et créer des "îlots de stabilité" sous prétexte d'éviter la fuite des savants allemands et d'exercer un contrôle sur les recherches en cours. Donc si on le pense de mauvaise foi, un personnage opportuniste et par là-même critiquable.
Anti-nazi ou non? La frontière reste floue et c'est cette "incertitude" qui passionne Ferrari. On le perçoit dans le discours adressé à Heisenberg, en le vouvoyant et oscillant constamment entre empathie et réserve.

J'ai été surprise de constater que l'auteur traite de sujets arides: la physique quantique, les rapports entre la science et le pouvoir, ses dérives possibles, dans une langue ample et métaphorique, fort belle.
J'ai moins aimé la relation entre Heisenberg et le jeune étudiant en philosophie (sans doute un quasi-double de l'auteur) qui s'adresse à lui et établit une passerelle entre deux époques. Cela m'a semblé détourner l'attention de l'essentiel.





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De Jérôme Ferrari nous avons également:

Le Sermon sur la chute de Rome (Prix Goncourt 2012)

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