Bilqiss est le prénom d’une femme qui, dans une
cellule de prison d’un pays musulman, probablement l’Afghanistan, attend sa
mort par lapidation. Son crime ? Avoir lancé l'appel à la prière (une prière
remaniée à sa façon) à la place du muezzin un matin où celui-ci ne s’est pas
réveillé. Et puis parfois avoir laissé dépasser une mèche de cheveux de sa burqa et
surtout… savoir lire !
Accusées de tous les maux, dont
celui d’avoir dans son réfrigérateur des aubergines non coupées, signe
phallique qui ne fait que confirmer que l’accusée était femme de peu de foi.
Elle tiendra tête, grâce à sa verve acide, à ces hommes qui considèrent les
femmes comme des êtres inférieurs.
Le roman, raconte les journées de procès qui précèdent la séance de
lapidation annoncée. On entend la voix de Bilqiss, mais aussi celle du juge,
conscient de l’extrême injustice de la justice qu’il est en train de rendre. Mais pourquoi
tergiverse-t-il à ce point ?Et puis la voix de Leandra, une journaliste
américaine qui, débordant de compassion occidentale, est persuadée qu’elle peut
sauver la prisonnière.
On voudrait plaindre Bilqiss, l’aider, militer pour elle et pourtant,
elle exècre les bien-pensants. D’ailleurs, elle confesse à Leandra, venue dans
l’espoir de montrer à la face du monde les atrocités faites aux femmes, que
l’unanimisme émotionnel est ce que le micro-onde est à la gastronomie, facile
et nuisible. Pourquoi vouloir les aider ? Les considère-t-on comme incapables
de gérer leur existence ? Que connaissons-nous de leurs besoins, nous occidentaux
qui retournerons à notre vie facile après avoir fait le show et s’être sentis
utiles en soutenant ou militant pour une cause qui nous dépasse?
Le juge, lui, est coincé dans ses
dogmes, dans son application obtus de la charia. Il aspire à une autre fin pour
Bilqiss, mais il reste prisonnier de la bêtise des fanatiques envers les
femmes. Pour ces femmes, l’homme et la religion sont la source du problème.
L’homme, car il est incapable de regarder l’une d’entre elles sans voir dans
ses formes un appel au sexe ou de croiser un regard féminin sans y lire une
invitation au plaisir charnel. Puis il y a la religion, qui, une fois
interprétée et transmise par des illettrés, sert d’excuse aux cruautés commises
contre elles.
En lisant se livre on se demande
alors qui est réellement libre et qui est opprimé. Bilqiss est probablement la
personne la plus libre du livre, même si elle est dans une cellule et dans un
tribunal. Elle se réapproprie Allah, parce qu'elle estime qu'on lui a volé
dieu. En effet, elle ne croit pas à la justice des hommes et à la charia qui
pour elle est une production humaine. Elle croit en la bonté de dieu et
jusqu'au bout elle reste musulmane, mais libre.
Ce roman, bien écrit, répertorie un
florilège de phrases assassines, montrant l’esprit et la détermination de
l’héroïne.
Ce n’est pas une charge anti-islam.
Mais un roman qui fait réfléchir à ce qui se passe là-bas, certes, mais aussi
à notre comportement de bien-pensant occidental en quête de bonnes actions. A
dévorer !!
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