mardi 1 mars 2016

L'ombre de nos nuits - Gaëlle Josse



Le roman traverse deux époques et donne la parole à trois narrateurs.

Lunéville 1639. Le Royaume de France est en guerre contre le duché de Lorraine. Le pays est rongé par la misère, la famine, les épidémies, les atrocités de la guerre. En contre-point à ces horreurs, enfermé dans son atelier, Georges de La Tour travaille à son Saint Sébastien soigné par Irène. Là, tout n'est que silence, beauté, aspiration au sacré, lumière irradiant le tableau. Le peintre nous révèle ses secrets et le sens de son oeuvre.
Son apprenti, Laurent, nous renseigne sur les aspects plus techniques et domestiques de la création et nous avoue son amour caché pour Claude (fille du peintre et modèle d'Irène) et son admiration inconditionnelle pour son maître.
Ces deux voix conjuguées nous livrent la genèse de l'oeuvre jusqu'à sa présentation devant Louis XIII, consécration suprême.

Rouen 2014. Une jeune femme ressent une émotion violente à la vue du tableau au musée de la ville. Elle établit aussitôt un lien entre sa propre aventure amoureuse et la toile. Elle s'adresse à son ancien amant pour évoquer leur liaison et son échec: un amour absolu dont elle ne parvient pas à guérir.
"C'est ainsi que je t'ai aimé. Comme cette jeune femme penchée sur ce corps martyrisé, à tenter de retirer cette flèche qui l'a blessé."

Ce va-et-vient entre les siècles et les personnages est original, mais j'avoue avoir été beaucoup plus sensible au mystère de la création du tableau qu'à l'histoire d'amour.

C'est cependant un beau roman écrit avec finesse et poésie.


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