C’est un premier roman, mais quel roman puisqu’il
vient d’obtenir le Prix du Premier roman !
L’intrigue se déroule dans un palace
parisien : l’hôtel Paradise, le
temps d’une semaine. Trois protagonistes éclairent, chacun son tour, les
événements qui s’y déroulent. Nous faisons donc la connaissance de Craig, un
universitaire américain misanthrope venu en colloque à Paris. D’Elena, belle Italienne qui travaille dans la mode entre Florence, où elle y possède maison
et famille, et Paris. Et enfin, Sébastien réceptionniste de l’hôtel qui observe
tout le monde mais que personne ne voit. A ce trio vient s’ajouter un homme
d’affaires italien polygame, macho, vantard et bavard qui déplait instantanément
à Craig et Elena. Il sera retrouvé assassiné dans sa chambre et malgré lui
permettra un rapprochement entre Craig et Elena.
On pourrait croire à ce stade que l’on a affaire
à un roman policier, mais pas du tout puisque l’on sait rapidement qui a tué
l’homme d’affaires italien et pourquoi. Non, la subtilité de ce roman tient surtout
au jeu des regards qui se met en place. Chacun regarde l’autre. Craig se tourne
vers Elena, qui regarde et analyse inconsciemment le monde qui l’entoure. Avec
en contre point un Sébastien en observateur avisé. Chaque personnage est certes
celui qui voit, mais aussi celui qui est vu. La manière dont il se voit se
confronte à la manière dont il est perçu. Chacun cache des choses au fond de
soi et en révèle d’autres sans même s’en rendre compte. La part secrète des uns
et des autres, que le lecteur est seul amené à connaître, joue bien sûr un
grand rôle dans le récit.
Dans un style efficace, sobre et simple, il nous
parle du hasard, celui des bonnes et des mauvaises rencontres.
Il traite aussi du premier regard. Celui que l'on glisse en
douce vers son voisin, celui qui nous fait imaginer bien des choses, celui
de l'amour ou du rejet. L'écriture est fluide et élégante. La construction
originale. Le récit à plusieurs voix donne du nerf et du rythme. Le
ton léger et plein d'esprit apporte un charme fou à ces pages qui se dévorent à
toute allure.
Le titre, emprunté au tableau de Magritte
montrant un homme au visage masqué par une pomme verte, donne le ton,
légèrement surréaliste.
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Magritte- Le fils de l'homme |
Mi-polar à l'Agatha Christie pour l'habileté de
l'intrigue, mi-roman psychologique pour la précision dans l'analyse des
sentiments, cette fantaisie réjouissante se joue des genres et des
frontières...
Dans un palace parisien des vies se croisent et
se bousculent...