Nous sommes en 2010 en Picardie dans le village
de Long. Arthur Dreyfuss est un garagiste célibataire de 20 ans qui a quelque
chose de l’acteur Ryan Gosling en mieux. Son emploi du temps
oscille entre le garage où il travaille et le bar de Dédé la Frite. Jusqu’au jour
où l’on frappe à sa porte et face à lui : l’actrice Scarlett Johansson, en
personne. C’est l’apparition dans toute sa splendeur, un rêve éveillé, un
miracle. En fugue du Festival de Deauville, parce qu’elle veut
oublier toute cette pression, oublier son agent, et veut être une fille
comme les autres, Scarlett s’installe chez lui. La surprise passée, on apprend
très vite que Scarlett Johansson n’est pas celle que l’on croit ou plutôt
la personne « visible » n’est pas « elle » : il s’agit
de Jeanine Foucamprez, jeune femme sensible et sosie de l’actrice qui,
elle-même, veut être une fille comme les autres. A partir de ce
moment, nous allons réellement découvrir les personnages. Lui, Arthur, le
fils de Louis Ferdinand et Thérèse Lecardonnel, marqué par le deuil de sa
petite sœur, par la disparition subite et mystérieuse de son père braconnier un
soir en forêt, par l’alcoolisme de sa mère, gravement atteinte du Syndrome de
Korsakoff. Elle, Janine, raconte ses failles, sa fragilité, sa candeur, ses
tournées Pronuptia où elle officie en tant que mannequin. Elle narre les
tentatives de séduction de la part de toute sorte d’homme, la douleur d’être le sosie d’une personne connue et de
vivre dans son ombre, puis surtout les drames lorsqu’elle était enfant,
les violences de son beau-père, le rejet de sa mère…
La
première chose qu’on regarde est, en fait, une histoire d’amour
magnifique et tragique.
Pour faire épanouir leur amour, les deux
protagonistes devront affronter, ensemble, leurs souffrances, leurs blessures,
leur passé ; aller au-delà de cette «première chose qu’on regarde».
C’est un livre sensible, émouvant mais aussi
féroce, dur et noir. Il oscille entre légèreté, humour et gravité. Très vite,
l’intrigue qui paraissait simpliste au départ se complexifie, portée
entièrement par les deux personnages, plus profonds et plus fragiles que l’on
imaginait, marqués par les manques, les épreuves, les deuils, les absences. Néanmoins,
de multiples indices parsemés tout au long du récit nous annoncent le dénouement
brutal et dramatique.
Mais, il y a de jolis
moments, des sentiments, de l’humour, du décalé aussi, de la profondeur et de
la réflexion sur le paraître, sur l’amour filial, sur la souffrance des êtres, sur
le manque qui rend folle, et ce que l’enfance fait de nous.
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