La nuit du 12, le film grand triomphateur des César 2023 (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur espoir masculin, meilleur second rôle...), vient aussi de recevoir le "César des Lycéens"!
Année
1718, la France est sous la gouvernance du Régent Philippe d'Orléans. La succession
du Roi Soleil fait rage autour du jeune Louis XV qui est sous tutelle. La
progéniture du roi défunt se déchire, tous se réclament être l'héritier
légitime. Une lutte entre demi frères et sœurs s'engage. La Duchesse du Maine installée au palais de Sceaux n'est
pas en reste; n'est-elle pas la descendante des Condé, outragée d'avoir dû
épouser le Duc du Maine bâtard légitimé
de Louis XIV et de Madame de Montespan, qui plus est, est affligé d'un pied
bot. Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé,
aussi violente d'humeur que de petite taille, n'a de cesse de
monter son mari contre le duc d'Orléans. Ce dernier fait casser le testament du
Grand Roi, en retirant au Duc du Maine, précepteur du jeune Louis XV, titre
très envié, l'éducation et la garde de l'enfant royal. L'incorrigible et
capricieuse princesse du sang soutenue
par la vieille garde de la cour de Louis XIV, complote secrètement avec
l'ambassadeur du roi d'Espagne. Il ne s'agit ni plus ni moins que d'amener Philippe
V, petit-fils du Roi-Soleil, à s'emparer du trône de France par les armes,
démesure d'une fureur prête à mettre la France et l'Europe à feu et à sang pour
le seul prix de son orgueil blessé.
Roman captivant de bout en bout dans
les luttes du pouvoir, l'auteur d'une grande rigueur historique à travers une
analyse pertinente des intérêts individuels et des comportements nous transporte grâce à
une irrésistible qualité d'écriture.
Quel bonheur de retrouver la tribu Malaussène! Daniel Pennac a su, une nouvelle fois, nous emmener dans le tourbillon de cette famille hilarante, touchante et atypique.
L'auteur fait régulièrement des rappels à des évènements survenus dans les tomes précédents. Cela peut aider à la compréhension de l'histoire sans alourdir le récit. Malgré cela, je ne conseillerais pas à un lecteur / une lectrice de débuter son entrée dans l'univers des Malaussène avec ce livre-là. Il serait dommage de se priver du plaisir de lire les précédents ouvrages et de passer à côté des personnages évoqués mais moins présents dans ce tome-là.
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Parmi les ouvrages de Daniel Pennac que vous trouverez à la bib:
Au bonheur des ogres Aux fruits de la passion Chagrin d'école (Prix Renaudot) Comme un roman Journal d'un corps La Fée carabine La Petite marchande de prose Le 6e continent Le Dictateur et le hamac Merci Messieurs les enfants
Michel Pastoureau suit l'évolution de la couleur jaune depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.
Quelle est sa place dans la vie quotidienne, les légendes, les croyances, les superstitions? Qu'en est-il dans le domaine vestimentaires, dans le langage, en art?
Pourquoi a-t-il été longtemps une couleur mal aimée, associée à la trahison, à la folie?
C'est un ouvrage érudit mais très facile à lire et qui se dévore comme un roman.
Et maintenant que vous savez tout (ou presque) sur le jaune, il vous reste à découvrir, par le même auteur, l'histoire des autres couleurs: le Rouge, le Bleu, le Vert, le Blanc et le Noir.
"Ils sont frère et sœur. Quand l’histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.
Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin
malgré elle, prononce en tremblant : «Papa vient de tuer maman. »
Passé la sidération, ces enfants brisés vont devoir se débrouiller avec
le chagrin, la colère, la culpabilité. Et remonter le cours du temps
pour tenter de comprendre la redoutable mécanique qui a conduit à cet
acte.
Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits réels, raconte,
au-delà d’un sujet de société, le long combat de deux victimes
invisibles pour réapprendre à vivre."
Notre avis :
Une enquête assez brève puisque le père va avouer son meurtre, pour lui un accident, pour ses enfants un acte impardonnable et pour les médias, un féminicide de trop.
Comment faire son deuil? Ce père censé protecteur envers sa femme et ses enfants devient un meurtrier.
Miroir terrible du monde révoltant d'aujourd'hui.
Roman puissant.
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Un deuxième avis, plus enthousiaste, a été ajouté en commentaire!
Lisez-le également!
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Du même auteur, vous trouverez également à la bib:
"Leïla,
Tarek et Saïd grandissent dans un village de l’est de l’Algérie, au
début des années 1920. La première, mariée très jeune contre son gré,
décide de se séparer et retourne chez ses parents, avec son fils, dans
la réprobation générale. Tarek est un berger timide et discret. Saïd,
lui, vient d’une famille plus aisée et poursuit des études à l’étranger.
Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla.
La Seconde Guerre
mondiale envoie les hommes au front, ils se perdent de vue. Saïd devient
un homme de lettres. Tarek, rentré au village, épouse Leïla et adopte
l’enfant. Trois filles suivront. Bientôt il rejoint la lutte pour
l’indépendance, puis participe au grand tournage de La Bataille d’Alger,
avant de partir travailler dans une usine, en région parisienne. Par
une suite de hasards inattendus, il se retrouve gardien d’une magnifique
villa à Rome, temps suspendu dans une trajectoire tourmentée.
Leïla,
elle, connaît la vie des femmes rurales de cette époque. Cantonnée dans
l’éducation des enfants et les tâches ménagères, elle décide
d’apprendre à lire et à écrire.
Mais la publication du premier roman de Saïd vient bouleverser la vie du couple. Tarek doit rentrer au plus vite.
À
travers les destins croisés de trois personnages, Kaouther Adimi dresse
une grande fresque de l’Algérie, sur un siècle ou presque, de la
colonisation à la lutte pour l’indépendance, jusqu’à l’été 1992, au
moment où le pays bascule dans la guerre civile."
Notre avis:
L'écrivaine nous fait découvrir l'histoire de l'Algérie de 1922 à 1992, dans des récits d'une saga riche et profonde.
Prix du roman des étudiants France Culture - Télérama
"À vingt ans, Arthur Rimbaud a déjà écrit Le bateau ivre, mais il estime
que "l'art est une sottise". À la vie de poète, il préfère l'existence
d'aventurier. D'errances en séjours prolongés, il se rend à Java, à
Chypre, puis s'installe en Afrique où il se lance dans le commerce. Il
vit entre Aden et le Harar, importe et vend toutes sortes de choses
avant de se transformer en pourvoyeur d'armes pour le roi du Choa,
Ménélik. C'est pour ce roi également que travaille Alfred Ilg, un
ingénieur suisse qui finira Premier ministre du souverain. Les deux
hommes font connaissance, éprouvent de l'estime l'un pour l'autre et
correspondent de 1888 à 1891, année où Rimbaud meurt d'un cancer.
Ces
trente-cinq lettres, découvertes par la fille de Ilg, sont à la fois
amicales et professionnelles. Écrites à une époque où Arthur Rimbaud a
abandonné la poésie mais ébauche une carrière de reporter, elles
révèlent une facette surprenante de ce personnage. Elles nous permettent
surtout de pénétrer dans le quotidien africain du poète."
Dans ce deuxième volume des Années glorieuses de
Pierre Lemaitre, on retrouve la famille Pelletier. Autour de cette famille l’auteur
nous parle de temps forts et moins forts des années d’après la Deuxième Guerre
mondiale. L’action se situe en 1952 (le
début des trente glorieuses).
Comme dans «Le grand monde »,
l’auteur tisse avec une grande habileté une série d’événements qui cette fois sont
abordés d’un point de vue sociologique : la réalisation d’un barrage hydraulique
au service de la fée électricité avec les conséquences humaines ; les lois
antiavortements avec les souffrances des femmes et les risques encourus ;
la mise en place d’un grand magasin d’habillement avec les luttes ouvrières ;
le travail des journalistes de la presse écrite avec les cas de conscience et
la recherche de la vérité ; le sport de haut niveau avec son lot de
corruptions… Pour pimenter le tout, Geneviève,
l’épouse de Jean est un personnage exécrable, manipulateur et autoritaire. Pour
la détester encore un peu plus, elle est maltraitante avec sa fille.
Même si on n’a pas lu « Le
grand monde » on apprécie ce roman où l’écrivain, grâce à une écriture
réaliste et vive, à un scénario mêlant intrigues policières, saga familiale ou
destins individuels nous fait réfléchir sur d’importantes transformations de
cette époque.
Coup de cœur
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L’histoire : Irène est une française émigrée en
Allemagne en 1990 après s’être mariée avec un Allemand. Elle a divorcé à la
naissance de son fils, Hanno. Ce dernier a 20 ans, ce qui lui permet de
s’impliquer davantage dans son travail d’investigation à l’ITS, International
Tracing Service situé au cœur de l’Allemagne à Bad Alrosen, ville au passé
particulièrement nazi.
On lui confie le 27 octobre 2016 (oui, on est bien en
2016), une nouvelle mission : retrouver les descendants des déportés pour
leur remettre des objets dont le Centre a hérité lors de la libération des
camps : mouchoirs brodés, jouets pour enfants, médaillons, lettres… Elle
mène plusieurs enquêtes à la fois.
Irène, le personnage principal, est très attachante et
investie dans son travail. On surmonte avec elle les difficultés pour
résoudre de nombreux mystères. Elle nous fait voyager à Varsovie, Paris,
Berlin… et même l’Argentine pour rencontrer les familles et écouter leurs témoignages.
L’auteur, Gaëlle Nohant, a étudié une importante
documentation de l’ITS qui existe vraiment sous le nom de « Archives
Alrosen ». Elle a su romancer toutes les histoires recueillies tout en
rappelant les faits réels et historiques. Elle évoque bien sûr les camps de
concentration et les vols d’enfants.
C’est un beau roman très dense, bien écrit et
intéressant. Même quand on beaucoup lu sur la barbarie nazie, on en découvre
encore les conséquences aussi bien sur les descendants que sur les Allemands
contemporains.
Ce roman est profondément ancré dans l'espace et dans le temps.
Une ferme totalement isolée dans la campagne du Cantal. 3 chapitres. 3 personnages. 3 espaces temporels très précis: samedi 10 et dimanche 11 juin 1967; dimanche 19 mars 1974; jeudi 28 octobre 2021.
Le premier chapitre est consacré à la mère, une femme usée (à 30 ans!) saccagée, le ventre scarifié par les cicatrices de trois césariennes rapprochées, marquée par les coups de son mari et tellement déconstruite que l'auteur ne lui donne pas de prénom. Cabossée par l'existence, elle se laisse aller et cache son malheur par orgueil, par refus d'avouer son échec et par incapacité à s'exprimer. Jusqu'au jour où elle décide de ne pas retourner à la ferme auprès de son mari qui lui répète qu'elle est grosse, paresseuse et qu'elle "pue" à tel point qu'elle finit par se comparer à "une vache". Elle a peur de lui et veut protéger ses trois enfants de la rage de cet homme. Elle restera chez ses parents.
Le deuxième chapitre nous fait pénétrer dans la rumination du père une nuit d'insomnie. Sept ans plus tard. Il a divorcé, s'occupe de la ferme et essaye d'expliquer (de justifier?) son comportement envers une femme qu'il n'aime plus et qu'il méprise. Même si le lecteur ne l'excuse pas, il comprend mieux le personnage qui se complexifie et l'auteur évite ainsi un manichéisme simpliste opposant la victime et le bourreau.
Le dernier chapitre, très court, se situe après la mort du père. Claire la deuxième fille, revient à la ferme pour signer l'acte de vente. Elle quitte définitivement le lieu de son enfance, sans nostalgie, en emportant ses souvenirs.
Cela pourrait paraître une histoire banale dans un milieu campagnard ordinaire.
Mais c'est un roman remarquable dont la force tient dans la brièveté, la sobriété et dans une écriture lapidaire et ciselée qui dit l'essentiel en quelques mots choisis et placés avec le plus grand soin.
On a tendance à le dévorer mais il faut prendre le temps d'en savourer la beauté.
Hiver 1943. Vadim, un Parisien âgé de 12 ans, est envoyé par ses parents à Vallorcine dans une famille d'accueil pour soigner ses crises d'asthme. Par prudence, pour cacher ses origines juives, il s'appellera désormais Vincent.
Lorsqu'il arrive en plein hiver, il est sidéré par le spectacle de la montagne et par les étendues éblouissantes de la neige; c'est un univers nouveau qui s'ouvre à lui. Sensible, observateur, poète, tous les sens en éveil, il est hypnotisé par tant de beauté dont les livres et l'école ne lui avaient pas révélé l'existence. Et c'est une suite émerveillée de premières fois au rythme des saisons: déneiger un col, faire du ski, mener les bêtes aux alpages, voir naître un veau, apprendre les noms de fleurs et d'animaux inconnus.
Vincent découvre un monde auquel il adhère de tout son être. Dans cette quête, il est guidé par une fillette du pays, Moinette, qui lui sert de passeuse et d'initiatrice avec affection et une douce ironie devant ce garçon venu d'un autre monde que le sien.
Mais les nuages s'amoncellent et le danger menace pour l'enfant juif. Vallorcine aura été une parenthèse enchantée. il faudra à nouveau fuir et chercher refuge ailleurs.
L'auteure traduit à merveille le regard ébloui et l'épanouissement de cet enfant émotif qui dessine ce qu'il ressent et donne des couleurs aux mots.
Un très beau récit d'apprentissage débordant de poésie, de tendresse et d'émotion dans un décor sublime.
L’histoire : Sabyl Ghoussoub tente de raconter la
vie de ses parents qui ont quitté le Liban après leur mariage en 1975 pour se
rendre à Paris. Il entreprend aussi de comprendre l’histoire du Liban. Les
personnages sont les frères et sœurs de ses parents et sa propre sœur Yala.
Lors de la conception de ce livre, l’auteur se heurte
à de nombreuses difficultés qu’il nous explique volontiers. Tout d’abord, dans
sa famille, les silences et les contradictions ne manquent pas pour décrire les
évènements. Puis, le Liban lui apparaît dans sa complexité politique et
religieuse : qui tire sur qui ? qui s’allie avec qui ? contre
qui ? Il informe le lecteur à partir de témoignages familiaux, de recherches
documentaires et de visionnage d’archives. Il a aussi vécu au Liban.
De nombreuses anecdotes enrichissent ce livre en
particulier « l’analyse chimique de la femme » réalisée par son père
qui est hilarante ! L’auteur liste aussi les assassinats et attentats politiques…
Le récit est décousu et ne respecte pas l’ordre chronologique. En fait, Sabyl
Ghoussob nous transmet avec émotion et parfois quelques longueurs l’amour qu’il
porte à sa famille déracinée tout en évoquant les difficultés de l’immigration
et de l’intégration.