Prenant conscience qu'elle n'a ni compris, ni vraiment connu sa mère, Geneviève Brisac part à sa recherche à travers son passé et son histoire. En très courts chapitres, elle évoque cette femme brillante et fantasque qui rêve sa vie, joue, écrit, séduit. Combien de fois ne met-elle pas sa fille dans la gêne par ses comportements excentriques, sa manie de partir sans payer, son habitude d'appeler les gendarmes "mon chou" ou "mon lapin", ses jugements sans appel, stigmatisant les bébés "ces cons" les enfants "ennuyeux, stupides, capricieux, encombrants" tout autant que les vieillards "stupides" également, que les femmes de son âge "des putes et des idiotes", "sale engeance"?
Elle n'a jamais laissé à sa fille la place d'exister, lui volant sans cesse la priorité et l'admiration d'autrui. La scène où elle se substitue à elle lors d'un atelier d'écriture est caractéristique de son comportement égoïste, nombriliste.
Ce livre exprime un manque profond, celui de l'amour maternel. Jamais une caresse, un compliment, un mot valorisant pour sa fille qu'elle traite aimablement de "petite oie sentimentale"! L'écriture peut-elle réellement cicatriser une telle blessure?
Geneviève Brisac dresse de sa mère un portrait lucide et acerbe. Souvent exaspérée par ses outrances, par ses jugements au scalpel, elle essaie de la comprendre, mais je n'ai pas l'impression qu'elle y était parvenue. Cette mère reste une étrangère pour sa fille et pour le lecteur. Ces courts chapitres ne permettent pas de s'attacher à cette femme bien trop préoccupée d'elle-même pour être sympathique.
Peut-être aussi que j'éprouve une certaine lassitude face à tous les ouvrages (thérapies?) où l'auteur tente de partir à la recherche de son père ou de sa mère...
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