"Mémoires au soleil" est un roman autobiographique d'Azouz Begag,
dans lequel il est question d'une recherche des racines, plus
particulièrement celles de Bouzid Begag, père de l'auteur, un illettré,
ayant immigré en France en 1947. Bouzid, est atteint d'Alzheimer (Ali
Zaïmeur) cette maladie qui lui a ôté, depuis un certain temps, toute
mémoire spatio-temporelle. Assurément, chaque jour, Mr Bouzid part à la
quête du soleil, muni de sa gamelle, celle qu'il possédait au moment où
ses pieds ont touché le port de Marseille, pour la première fois. Il
longe les routes dans le but de retourner "chez lui", en Algérie, mais
atterrit, comme à son habitude, chez "les extraterrestres", au Café du soleil, seul lieu où se chamaillent Amor Plastic, Miloud Météo, Front Tatoué... Des gens d'ailleurs...
A
maintes reprises, Azouz est chargé par sa mère Messaouda de suivre ce
père qui multiplie les fugues. Mais comme chaque fois, il est marqué par
cet arrachement douloureux, permanent mais latent, dont souffrent
silencieusement tous ses semblables, ces "Chibanis" de l'autre temps.
Azouz
accompagne ce père, avec qui il ne communique qu'à travers des mots
orphelins ou des pulsations de main, dans ses derniers délires, sa
dernière errance, son dernier geste d'amour, et son départ définitif, ''un bout de sourire avait été retroussé sur sa bouche".
Ces
situations répétées poussent l'auteur à s'interroger sur ses origines,
car il s’aperçoit que le nom que portait son père ne se trouve nulle
part, surtout lors de son voyage à Douar Bendiab à El Ouricia, où "Bouzid
Begag" avait prétendument passé une partie de son enfance, mais
qu'aucun indigène ne semble connaitre, ni se souvenir. "Ce jour-là, une envie de vengeance m'avait gagné. Je
rêvais de voir plus tard mon nom de famille en haut de l'affiche pour
sortir mon père de l'anonymat, de l'indigénat, et lui rendre sa dignité
d'homme libre. La langue française allait devenir l'instrument de ma
revanche contre son analphabétisme" .
Ce livre est un
hommage à tous les exilés déracinés, ces émis contre leur gré, qu'on
retrouve dans la plus part des œuvres d'une génération d'écrivains issus
de l'immigration. Des sujets d'une écriture véhiculée par la quête
d'identité et de l'histoire de leur origine "Je veux que mes enfants
sachent un jour qui était leur grand-père paternel, un grand homme qui
ne savait ni lire ni écrire, un sans-nom, mais qui racontait de
magnifiques histoires comme aucun autre poète".
Un livre d'une authenticité remarquable, sincère, bouleversant et très émouvant.
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