Début du XXe siècle dans une petite ferme du Gers. Eléonore vient au monde
dans une humble famille d’éleveurs de porcs où le chef de famille est « le père », « la mère » la génitrice. D’emblée l’auteur
pose le décor dans cet environnement dominé par l’omniprésence des animaux.
On travaille dur, on égorge le cochon, tue la dernière portée de
chatons… Bientôt le père usé prématurément par les travaux fera appel
pour l’épauler à un cousin lointain, Marcel.
La Grande Guerre survient, Marcel est appelé sous les drapeaux, le père
décède, la campagne se vide de sa jeunesse besogneuse, les femmes prennent le
relais, la vie se referme sur la peur du lendemain dans l’attente du passage du facteur censé apporter des
nouvelles du front….
Le cousin, après avoir été grièvement blessé est de retour, défiguré, profondément affecté
psychologiquement, il reprend malgré de grandes souffrances le travail. Eléonore
ne reste pas insensible à cet homme plus âgé, certes défiguré, mais qui reste
pour elle l’occasion de rentrer dans le monde des adultes. Ils se marient, elle
donnera naissance à Henri.
Soixante dix ans plus tard Eléonore est encore là, observant sa descendance
à travers son fils devenu le patriarche, régnant sur le domaine et dirigeant
sans complaisance ses deux fils, Joël et Serge. La porcherie a grandi, de
nouvelles méthodes d’élevage sont en place avec la gestion industrielle de
centaines de porcs. Les truies n’ont pas la place de se retourner dans leurs
cages, elles mettent bas des petits qui leur sont retirés très vite à une
cadence terrible avant d’être envoyés à l’abattoir. Les porcelets qui naissent
différents des autres sont impitoyablement massacrés. Répondre aux normes
tributaires du marché, ambiance lourde, en dehors de tout bon sens, ainsi s’installe un certain malaise qui au
fil de la lecture laisse pressentir le drame….
L’auteur nous décrit de manière détaillée et précise l’univers de l’élevage
en nous montrant comment celui-ci a évolué pour répondre à la demande et à la
concurrence pour être compétitif au nom du gain. Reste que si les animaux vivent
une existence concentrationnaire; l’homme, l’acteur, pour Del Amo a du mal à
échapper à cette mécanique qui risque de devenir incontrôlable.
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présentation de l'éditeur et un extrait du roman ICI!