L'auteur débute son roman
par l'expression "il y'avait une fois" à la manière du conte
traditionnel séculaire des places publiques des vieilles médinas, ici
celle de la ville de Fès.
"Le
mariage de plaisir" trace le parcours d'Amir, dans les années
cinquante, un prospère commerçant fessi qui avait l’habitude de se
rendre au Sénégal, chaque année, pour une durée de deux mois, afin d'
approvisionner son commerce en épices et en produits rares.
En
tant que musulman et pratiquant, Amir est conseillé par un grand
professeur théologien d'AlQuaraouiyine de contracter un mariage
périodique, pour éviter de tomber dans l'illégalité (le péché).
Nabou,
belle jeune femme instruite, originaire de Thiès, orpheline de père
(ancien combattant français), délaissée par sa mère, abusée par son
oncle dès son jeune âge, était obligée de se prostituer pour assurer sa
survie. Amir a
fait sa connaissance lors d'un voyage d'affaires, il lui a proposé un
mariage "Mut'a" mariage temporaire à chaque fois qu'il se rendait en
Sénégal. Lors de son dernier voyage, accompagné de son fils
Karim, il s'est aperçu qu'il était amoureux de Nabou au point qu'il a
décidé qu'elle l’accompagne définitivement à Fès.
Une
fois arrivée dans la ville médiévale, Nabou va souffrir d'un
traitement discriminatoire, un racisme d'usage au pays, surtout en cette
époque, à cause de sa couleur noire de la part de Lalla Fatma, la
première épouse, qui ne s'attendait jamais à avoir pour rivale une femme
noire et surtout que son mari y soit très attaché.
Les
malheurs vont s'accumuler quand Nabou met au monde deux jumeaux, Hassan
et Houcine, l'un noir et l'autre blanc, ce qui fait se délier les langues
en accusant Nabou de sorcellerie, un mal en plus qu'elle sait affronter
avec courage et intelligence. Lalla Fatma décédera à la suite d'une
maladie grave...
La
souffrance de la famille s'accentue quand celle-ci s'installe à Tanger,
ville au statut international, sous conseil du Frère d'Amir, où Hassan
n'échappe pas au racisme social, qui l’impacte tout au long de sa vie. La situation s’aggrave surtout à la mort précoce du père qui pousse Nabou à travailler...
Une
histoire sans fin qui met de la lumière sur le Maroc, à travers deux
générations, et les différents défis sociaux qu'il rencontre, plus
particulièrement un racisme spontané et une discrimination sélective
dont souffrent à la fois les autochtones de couleurs, Salim le petit-fils de Hassan, et les Africains en transit...
Une
nostalgie pour les villes avec lesquelles l'auteur a des liens très
marqués: de par les récits élogieux, Fès sa ville natale, palpable tout
au long du roman, qu'il décrit majestueusement, et Tanger sa ville de
séjour qu'il connait dans les moindres détails ainsi que les maux dont elle souffre.
Un roman captivant et attirant.
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