!!! COUP DE COEUR !!!
Philippe Lançon était à la réunion de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Il a eu une partie de la mâchoire fracassée et des blessures aux bras et aux mains. Il a survécu.
Le témoignage qu'il publie sous le titre "Le Lambeau" tente de remettre de l'ordre dans ce surgissement de l'horreur.
Philippe Lançon s'interroge d'abord sur d'éventuels signes prémonitoires dans les instants qui ont précédé l'attentat. Une citation de la Nuit des Rois
copiée la veille après la représentation de la pièce: "Rien de ce qui est n'est". Une discussion, le matin même, sur le livre de Houellebecq "Soumission".
Puis il consacre une soixantaine de pages aux quelques secondes où tout a dérapé. C'est parfois difficilement soutenable: les corps tombant autour de lui, le sang des autres, le sien, une cervelle éclatée, la peur qui le pétrifie, les jambes noires du tueur (image qui hantera ses cauchemars).
Enfin ce sont les mois d'hôpital: la Salpêtrière d'abord, les Invalides ensuite. 17 opérations. Une lente reconstruction physique. Avec pudeur, il se met à nu, dévoile ses souffrances, les réactions de son corps, les problèmes de greffes et de cicatrisation.
Il ne se présente ni en héros ni en victime. Il avoue ses doutes, ses angoisses, ses faiblesses, mais avec une élégante distance. Il reste attentif et reconnaissant à tous ceux, depuis sa chirurgienne jusqu'aux gardiens chargés de sa protection, qui l'assistent. Il en trace des portraits d'une grande humanité.
Lecteur de Proust, il analyse ce "temps suspendu" où, désormais, il ne peut plus être le même qu'avant l'attentat. Proust, Kafka, la littérature, Bach, les souvenirs d'enfance, la famille et les amis l'accompagnent dans sa reconstruction.
Jamais une parole de haine, de colère ou de vengeance contre ceux qui ont fait basculer son existence.
Quelle leçon de courage admirable et remarquablement écrit!
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