mardi 18 décembre 2012

L'assassin à la pomme verte - Christophe Carlier



C’est un premier roman, mais quel roman puisqu’il vient d’obtenir le Prix du Premier roman !




L’intrigue se déroule dans un palace parisien : l’hôtel Paradise, le temps d’une semaine. Trois protagonistes éclairent, chacun son tour, les événements qui s’y déroulent. Nous faisons donc la connaissance de Craig, un universitaire américain misanthrope venu en colloque à Paris. D’Elena, belle Italienne qui travaille dans la mode entre Florence, où elle y possède maison et famille, et Paris. Et enfin, Sébastien réceptionniste de l’hôtel qui observe tout le monde mais que personne ne voit. A ce trio vient s’ajouter un homme d’affaires italien polygame, macho, vantard et bavard qui déplait instantanément à Craig et Elena. Il sera retrouvé assassiné dans sa chambre et malgré lui permettra un rapprochement entre Craig et Elena.
On pourrait croire à ce stade que l’on a affaire à un roman policier, mais pas du tout puisque l’on sait rapidement qui a tué l’homme d’affaires italien et pourquoi. Non, la subtilité de ce roman tient surtout au jeu des regards qui se met en place. Chacun regarde l’autre. Craig se tourne vers Elena, qui regarde et analyse inconsciemment le monde qui l’entoure. Avec en contre point un Sébastien en observateur avisé. Chaque personnage est certes celui qui voit, mais aussi celui qui est vu. La manière dont il se voit se confronte à la manière dont il est perçu. Chacun cache des choses au fond de soi et en révèle d’autres sans même s’en rendre compte. La part secrète des uns et des autres, que le lecteur est seul amené à connaître, joue bien sûr un grand rôle dans le récit.

Dans un style efficace, sobre et simple, il nous parle du hasard, celui des bonnes et des mauvaises rencontres. Il traite aussi du premier regard. Celui que l'on glisse en douce vers son voisin, celui qui nous fait imaginer bien des choses, celui de l'amour ou du rejet. L'écriture est fluide et élégante. La construction originale. Le récit à plusieurs voix donne du nerf et du rythme. Le ton léger et plein d'esprit apporte un charme fou à ces pages qui se dévorent à toute allure.
Le titre, emprunté au tableau de Magritte montrant un homme au visage masqué par une pomme verte, donne le ton, légèrement surréaliste.

Magritte- Le fils de l'homme

Mi-polar à l'Agatha Christie pour l'habileté de l'intrigue, mi-roman psychologique pour la précision dans l'analyse des sentiments, cette fantaisie réjouissante se joue des genres et des frontières...
Dans un palace parisien des vies se croisent et se bousculent... 


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