Valentine Goby est l’auteur qui avait précédemment écrit un livre sombre et
envoutant : Kinderzimmer.
Avec Un paquebot dans les arbres, c’est
un changement complet d’univers. Le thème de la filiation est encore au centre
du roman, mais il est traité très différemment, avec beaucoup de poésie et de
tendresse.
La narratrice se rend avec Mathilde sur les vestiges du sanatorium
d’Aincourt. Il n’en reste quasi rien au milieu d’herbes folles, mais c’est le
point de départ des souvenirs du personnage principal. Mathilde se remémore les
visites qu’elle rendait à ses parents dans ce lieu. Le bacille de Koch a
fracturé son enfance en un avant et un après le diagnostic de la tuberculose
chez son père, dans les années 1950. Avant, c’est le récit d’un café de village,
avec au centre son propriétaire, joueur d’harmonica, qui n’a d’yeux que pour sa
fille aînée. Sa femme, sa seconde fille et son petit dernier sont en
arrière-plan de ses activités journalières. Son café est l’organe de vie du
village, et Poulot le chef d’orchestre de tous les rassemblements. Lorsqu’il
est contraint à entrer au sanatorium, la vie familiale est radicalement
bouleversée.
Si la première partie du livre conduit le lecteur à la rencontre d’un pater
familias égoïste, la seconde partie raconte les différentes formes d’amour dans
une famille. La force de ce roman réside surtout dans sa capacité à transcrire
l’amour des uns et des autres tout en rendant compte de la pudeur de ces
relations.
Ce roman est aussi le
récit du passage de l’enfance à la vie d’adulte. Mathilde, véritable garçon
manqué au début du roman, devient la pièce maîtresse d’une famille qui sans elle
se serait disloquée sous les effets foudroyants de la maladie et de la bêtise.
Dur et tendre à la fois, un joli roman plein de poésie pour traiter de thèmes graves.
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Du même auteur, nous vous proposons également:
Banquises
Des corps en silence
Kinderzimmer
L'Echappée
Qui touche à mon corps je le tue
"Pologne, décembre 1945.
