Au cœur du livre, le héros, Ilya, cherche désespérément à
franchir un mur, le Mur, au sommet d'une montagne. Cette construction
énigmatique et immémoriale suscite curiosité, crainte et méfiance. Elle attire
les fous, les illuminés et les superstitieux.
Dans un paysage hostile, Ilya avance à tâtons dans une nuit
opaque comme sa mémoire, obscure comme son passé. Pourquoi est-il là? Que
cherche-t-il? Peu à peu Ilya se souvient d'où il est venu, ce qui la conduit à
entreprendre son voyage et à quel traumatisme il doit d'avoir perdu la mémoire.
Nous le suivons pas à pas dans la quête de son passé.
De l'autre côté du mur, son passé tout entier se dévoile
enfin et l'on découvre l'autre raison de son voyage: Ilya est un messager, il
porte une parole folle. Mais on ne l'entend pas… Et il lui faut reprendre sa
route.
C'est un grand roman métaphorique hallucinant sur la perte
de la mémoire où le mur, loin d'être un obstacle, symbolise un passage. C'est
aussi, on l'aura compris, un parcours initiatique qui oblige à prendre le
dessus sur les événements, à ne pas avoir peur de l'inconnu. Mais c'est surtout
– je ne l'ai pas dit dans le résumé pour ne pas dévoiler le fond de l'intrigue
– une magnifique et terrible parabole de l'Histoire avec un grand H.
Terre sans maître
agit comme un charme. Peut-être que Yann Apperry nous donne l'impression qu'il
n'en sait pas plus sur son personnage que le lecteur, qu'il suit son évolution
à tâtons et se heurte aux mêmes zones d'ombre.
[Compte-rendu de 2008]
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Du même auteur, nous avons aussi:
Diabolus in musica
Farrago
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