Elles sont deux
: La Grande et
la Petite. C'est
la Petite qui
parle. Elle raconte ... le soleil à ses pieds, qu'elle va
retrouver dix-huit ans plus tard. La Grande et la Petite, deux sœurs adultes, seule famille l’une
pour l’autre que tout oppose cependant. La Petite solitaire préférant restée dans son
appartement à récurer, obsédée de propreté, se lavant
constamment pour se débarrasser de l'odeur de la mort, pour ne plus être, pour
disparaître, n’aimant pas sortir ou parler, pensant que la vie ne vaut
pas d’être vécue. Elle se croit tellement insignifiante qu’elle s’imagine être
invisible aux yeux des autres. La vie l'ennuie, elle
considère le monde comme froid, sale, hypocrite, indigne d'intérêt, tandis que la Grande s'agite, se remplit, gueule, se pose en dominatrice
non seulement vis à vis de sa sœur, mais aussi dans ses relations avec ses
amants, prend un plaisir pervers à la dominer. Elle sait que sa sœur la craint
et lui obéit. Dans son for intérieur, la Petite comme prisonnière de la Grande aimerait pouvoir
dire non. Mais c’est impossible. En fait, un évènement traumatisant vécu
pendant leur enfance explique ces comportements. Jusqu'au
moment où tout bascule, où la
Petite pour la première fois émet un désir, désire
"être", oh certes de manière subreptice, elle ne le sait pas encore,
mais elle veut ressentir, éprouver la vie. Et c'est là que tout ce roman à la
trame sombre, commence à basculer. La vie va peu à peu reprendre ses droits, et
dès lors le lecteur se demandera ce qu'il adviendra de la Grande, celle qui se repait,
qui se nourrit du désespoir de la
Petite.
Cependant, l'auteur ne sombre pas dans la
facilité d'une intrigue au dénouement trop sensationnaliste. Delphine Bertholon prend en effet son temps pour donner à
comprendre au lecteur cette relation forte, presque mortifère qui lie ces deux
sœurs. Dès les premiers paragraphes, l'on sent rôder la folie, pourtant rien
n'est dit, tout est suggéré, et c'est bien là, la force de l’auteur.
Le grand intérêt de ce roman n’est pas forcément l’intrigue – on explore minutieusement les rapports familiaux et de leurs secrets – mais surtout le style qui est totalement atypique. Delphine Bertholon sait jouer avec le rythme, ses mots sont pesés : saccadés pour exprimer le trouble, la folie, la noirceur ; plus fluides, plus limpides pour aller vers la rédemption.
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