mardi 10 septembre 2013

Le soleil à mes pieds - Delphine Bertholon



Elles sont deux : La Grande et la Petite. C'est la Petite qui parle. Elle raconte ... le soleil à ses pieds, qu'elle va retrouver dix-huit ans plus tard. La Grande et la Petite, deux sœurs adultes, seule famille l’une pour l’autre que tout oppose cependant. La Petite solitaire préférant restée dans son appartement à récurer, obsédée de propreté, se lavant constamment pour se débarrasser de l'odeur de la mort, pour ne plus être, pour disparaître, n’aimant pas sortir ou parler, pensant que la vie ne vaut pas d’être vécue. Elle se croit tellement insignifiante qu’elle s’imagine être invisible aux yeux des autres. La vie l'ennuie, elle considère le monde comme froid, sale, hypocrite, indigne d'intérêt, tandis que la Grande s'agite, se remplit, gueule, se pose en dominatrice non seulement vis à vis de sa sœur, mais aussi dans ses relations avec ses amants, prend un plaisir pervers à la dominer. Elle sait que sa sœur la craint et lui obéit. Dans son for intérieur, la Petite comme prisonnière de la Grande aimerait pouvoir dire non. Mais c’est impossible. En fait, un évènement traumatisant vécu pendant leur enfance explique ces comportements. Jusqu'au moment où tout bascule, où la Petite pour la première fois émet un désir, désire "être", oh certes de manière subreptice, elle ne le sait pas encore, mais elle veut ressentir, éprouver la vie. Et c'est là que tout ce roman à la trame sombre, commence à basculer. La vie va peu à peu reprendre ses droits, et dès lors le lecteur se demandera ce qu'il adviendra de la Grande, celle qui se repait, qui se nourrit du désespoir de la Petite.
Cependant, l'auteur ne sombre pas dans la facilité d'une intrigue au dénouement trop sensationnaliste. Delphine Bertholon prend en effet son temps pour donner à comprendre au lecteur cette relation forte, presque mortifère qui lie ces deux sœurs. Dès les premiers paragraphes, l'on sent rôder la folie, pourtant rien n'est dit, tout est suggéré, et c'est bien là, la force de l’auteur.

Le grand intérêt de ce roman n’est pas forcément l’intrigue – on explore minutieusement les rapports familiaux et de leurs secrets – mais surtout le style qui est totalement atypique. Delphine Bertholon sait jouer avec le rythme, ses mots sont pesés : saccadés pour exprimer le trouble, la folie, la noirceur ; plus fluides, plus limpides pour aller vers la rédemption.


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