mardi 13 décembre 2016

Règne animal - Jean-Baptiste Del Amo




Début du XXe siècle dans une petite ferme du Gers. Eléonore vient au monde dans une humble famille d’éleveurs de porcs où le chef de famille est « le père », « la mère » la génitrice. D’emblée l’auteur pose le décor dans cet environnement dominé par l’omniprésence des animaux.
On travaille dur, on égorge le cochon, tue la dernière portée de chatons… Bientôt le père usé prématurément par les travaux fera appel pour l’épauler à un cousin lointain, Marcel.
La Grande Guerre survient, Marcel est appelé sous les drapeaux, le père décède, la campagne se vide de sa jeunesse besogneuse, les femmes prennent le relais, la vie se referme sur la peur du lendemain dans l’attente du passage du facteur censé apporter des nouvelles du front….
Le cousin, après avoir été grièvement blessé est de retour, défiguré, profondément affecté psychologiquement, il reprend malgré de grandes souffrances le travail. Eléonore ne reste pas insensible à cet homme plus âgé, certes défiguré, mais qui reste pour elle l’occasion de rentrer dans le monde des adultes. Ils se marient, elle donnera naissance à Henri.

Soixante dix ans plus tard Eléonore est encore là, observant sa descendance à travers son fils devenu le patriarche, régnant sur le domaine et dirigeant sans complaisance ses deux fils, Joël et Serge. La porcherie a grandi, de nouvelles méthodes d’élevage sont en place avec la gestion industrielle de centaines de porcs. Les truies n’ont pas la place de se retourner dans leurs cages, elles mettent bas des petits qui leur sont retirés très vite à une cadence terrible avant d’être envoyés à l’abattoir. Les porcelets qui naissent différents des autres sont impitoyablement massacrés. Répondre aux normes tributaires du marché, ambiance lourde, en dehors de tout bon sens, ainsi s’installe un certain malaise qui au fil de la lecture laisse pressentir le drame….

L’auteur nous décrit de manière détaillée et précise l’univers de l’élevage en nous montrant comment celui-ci a évolué pour répondre à la demande et à la concurrence pour être compétitif au nom du gain. Reste que si les animaux vivent une existence concentrationnaire; l’homme, l’acteur, pour Del Amo a du mal à échapper à cette mécanique qui risque de devenir incontrôlable.

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Voir également la présentation de l'éditeur et un extrait du roman ICI!


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