mardi 14 février 2017

Pas de couteaux dans les cuisines de cette ville - Khaled Khalifa



Ce roman conduit son lecteur en Syrie, au sein d’une famille que l’on accompagne de 1963 (naissance du narrateur) jusque dans les années 2010.
Il ne s’agit pas d’une saga, mais plutôt des rires et des larmes des membres de cette famille. Le lecteur s’attache aux errements de l’oncle NIzar, souffre des ruptures avec le frère Rachid, tente de comprendre le personnage ambigu de la sœur Sawsan, juge la mère au comportement étrange.
Il est compliqué de raconter ce roman, mieux vaut le lire. L’élément déclencheur des errements de cette famille est le départ du père qui abandonne la mère (grande bourgeoise originaire d’Alep) avec quatre enfants, pour suivre aux États-Unis une riche américaine.

http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/9782330048761_extrait.pdfChacun reconnaitra dans cette famille fictionnelle un ou deux portraits de son entourage réel. Mais l’immense attrait de ce roman ne réside pas dans l’analyse des liens familiaux. Ce roman est passionnant parce qu’il donne à voir la ville d’Alep dans la vie, et non à travers les images de destruction et de mort. Ou plus exactement, à travers les cinq décennies traversées par cette famille, le lecteur assiste à la lente montée de la dictature dans cette région du monde. Mais le parti pris n’est pas d’offrir le prisme religieux comme angle d’observation. L’auteur nous offre plutôt la possibilité de découvrir la vie à Alep avant la guerre et de comprendre comment tout un peuple se retrouve pris dans des jeux politiques qui dépassent l’individu et l’emprisonne. Chacun des personnages offre une vision d'une forme de résistance, quelque chose de l’ordre de la résilience plutôt que de l’héroïsme ou du politique.

Un livre à lire d’une traite pour entrer dans Alep par une autre porte que celle des médias.


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