Mevlut naît en 1957 dans un village d'Anatolie. Son père est vendeur de yaourts et de boza (une boisson aux céréales fermentées jadis très appréciée en Turquie). Il arrive à Istambul en 1969 pour y faire ses études, s'y installe définitivement et devient, comme son père, vendeur de boza. On suit le héros - ou plutôt anti-héros - dans son existence et ses amours. D'une honnêteté qui confine à la naïveté, il poursuit son chemin, exerce diverses activités peu rémunérées et continuera toute sa vie à vendre de la boza le soir, dans les rues d'Istambul.
Orhan Pamuk raconte sa vie et semble en empathie avec ce personnage attachant, toujours à la recherche d'un bonheur simple. Il donne également la parole à ceux qui partagent l'existence de Mevlut: parents, amis, ses deux épouses successives, ses deux filles. Cette construction polyphonique permet de mettre en évidence différents points de vue sur la situation politique, les problèmes ethniques, l'évolution des moeurs et la transformation d'Istambul pendant c'est cinquante dernières années.
Car c'est la ville se métamorphosant en mégapole qui est le véritable sujet du roman avec ses vieux quartiers qui disparaissent, ses maisons anciennes détruites pour ériger de grands immeubles, ses métiers traditionnels ambulants remplacés par des commerces, l'apparition des vendeurs de drogue. Une ville qui s'agrandit sans cesse et s'occidentalise.
Nostalgique, Mevlut voit ses souvenirs de jeunesse et les traces de son passé disparaître progressivement. Mais il reste confiant, optimiste et en osmose totale avec cette ville dans laquelle il déambule inlassablement.
"Déambuler la nuit dans les rues de la ville lui donnait l'impression de se promener dans sa propre tête. [...] Dialoguer [avec Istambul] revenait un peu à se parler à lui-même"
Le lecteur le suit pas à pas, et avec bonheur, dans les quartiers pauvres de cette ville fascinante.
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Neige
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