Aharon
Appelfeld (1932-2018) fait état dans ce récit autobiographique, à la
fois de sa vie perturbée et mouvementée par une série d'événements
bouleversants lors de la deuxième guerre mondiale, et d'un
nouveau départ en Israël, une fois la guerre finie; là, il va faire
face à des défis d'intégration.
Tout
d'abord il décrit avec un bégaiement soutenu, la seule langue qu'il
détenait alors, son effroyable parcours de survie qu'il était contraint
d'entreprendre si jeune, face à des dangers récurrents. Orphelin, il affronte tant bien que mal les péripéties qui mettent à rude épreuve son existence.
Issu d'une famille
juive intégrée à la bourgeoisie ukrainienne qui ne manquait de rien,
le jeune Aharon s'est retrouvé, au déclenchement de la guerre,
contraint de faire profil bas ou user de subterfuges pour assurer sa
vie.
Deux
mois de vagabondage à travers les forêts d'Ukraine, pendant lesquels il
est plongé dans un silence de mort au point ou "le silence était maître
puisque pendant la guerre on ne parlait pas". Seules la malléabilité,
l’ingénuité et la candeur garantissent son existence...
Après
deux ans d'errance au risque et périls de sa vie, il atterrit à
Naples ou il fait l’amère expérience de s'initier volontairement à la
prière, par quête identitaire, via les méthodes rudes et
très archaïques des religieux peu scrupuleux. Par la suite, il est
recueilli par l'Alyat Hanoar, un organisme juif crée en Allemagne en
1932, qui organise
le sauvetage des jeunes juifs persécutés en Europe vers la Palestine,
particulièrement les jeunes orphelins par des bateaux pour la terre
promise.
Le grand défi qu'il rencontre, en 1946 dès son arrivée en Palestine, est
l'apprentissage difficile de l'hébreu, et faire la prière ce qui lui a valu un effort véritable, surtout que sa langue maternelle était
l'allemand, la langue de l'oppresseur nazi. "Ma langue maternelle et ma
mère ne faisait qu'un, avec l’extinction de la langue en moi je sentais
que ma mère mourrait une seconde fois" son intégration est difficile dans sa nouvelle vie en Israël...
On ne sortira pas indemne de la lecture de ce livre époustouflant, une vraie leçon de vie....
Prix Médicis étranger 2004
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