Le livre s'ouvre sur la découverte du cadavre de Leila, prostituée assassinée et jetée dans une benne à ordures. Selon les hypothèses de neuroscientifiques, l'activité cérébrale persiste pendant 10 minutes et 38 secondes après la mort. Guidée par les odeurs de son passé, c'est le temps que mettra l'héroïne pour se remémorer son existence.
Native de Van (Anatolie), enfant non désirée, famille bourgeoise, frère intégriste, violée par son oncle et promise à un mariage qu'elle refuse, elle fuit à Istanbul où elle est très vite enrôlée dans un bordel. Sa seule lumière ce seront cinq amis, tous réprouvés et cabossés par la vie et D'Ali son amour révolutionnaire et communiste.
A travers la vie - haute en couleurs et en malheurs - de tous ces individus parias de la société, se dessine l'histoire d'Istanbul la cosmopolite avec ses conflits politiques, ses contradictions, son intolérance pour les marginaux. En témoigne le cimetière des Abandonnés où le corps de Leila va être inhumé, sans tombe avec un simple numéro au milieu des migrants, des professionnels du sexe, des transsexuels, des criminels et des séropositifs.
Elif Shafak suit les destins de tous ces êtres rejetés, atypiques et maudaits avec empathie et humanité.
Le lecteur est pris par une intrigue habilement menée au sein d'une ville fascinante s'il en est et où les héros du roman tentent de faire souffler un vent de liberté.
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