Sophie, une écrivaine octogénaire, vit retranchée du monde dans une maison perdue au coeur de la forêt vosgienne. Son compagnon, Grieg, tout aussi marginal qu'elle, dort le jour et lit la nuit, se réfugiant dans la littérature comme Sophie se réfugie dans la forêt. Un jour une jeune chienne (qui s'appellera Yes) échappée à la suite de sévices corporels, vient demander asile, est aussitôt adoptée et va apporter de la lumière dans leur existence.
La narratrice (double de l'auteur) lors de ses longues promenades dans la nature avec Yes ou à l'occasion des conversations avec Grieg, évoque ses angoisses, ses préoccupations relatives à l'avenir, ses joies intenses.
Elle parle de ce monde qui va mal, des espèces qui disparaissent, des ravages de la vieillesse qui abîme les corps, de son rêve d'abolir la frontière entre monde humain et non-humain, du langage, des livres, du métier d'écrivaine (écri - vaine ainsi qu'elle l'écrit).
Aucune organisation dans ces réflexions qui surgissent au hasard des promenades, des saisons, des découvertes. Mais on ne peut rester insensible à la relation que l'auteur entretient avec la nature et le monde animal qu'elle contemple avec un sens aigu de l'observation, un grand respect et un éblouissement continuel, en totale osmose. Quel merveilleux trio forment Sophie, Grieg et Yes endormis, blottis les uns contre les autres dans le même lit! Une fusion totale. C'est très beau et émouvant.
Au-delà des angoisses quant à l'avenir, un livre lumineux.
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Prix Femina 2022.
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