mardi 29 octobre 2013

Un ver dans le fruit - Rabaté






Dans la campagne des années 60, une rivalité entre 2 familles de vignerons tourne au drame. Un jeune curé idéaliste débarque dans ce contexte explosif. Réédition d’une BD incontournable de Rabaté.


Restigné, petit village à côté de Bourgueil, septembre 1962. Dans cette petite bourgade qui vit au rythme de la vigne, un conflit ancestral entre deux viticulteurs tourne au drame et les vendanges débouchent sur un meurtre... C'est dans cette atmosphère tendue qu'arrive le père Pierre Ferra, jeune curé tout juste sorti du séminaire, venu prendre possession de la paroisse. Enfin libéré d’une mère possessive, le père Ferra qui pensait prêcher dans une paroisse tranquille, peuplée d’âmes charitables et bienveillantes, va rapidement perdre ses illusions. Dans un monde rural où tous se connaissent, ce meurtre est propice à l’expression des bassesses de l’âme humaine. Chacun y va de petits sous-entendus qui amplifient les rumeurs, les dénonciations anonymes des bons citoyens se multiplient, le tout contribuant à plomber une atmosphère déjà pesante. Mesquinerie, lâcheté, hypocrisie et délation vont se déchaîner, au grand dam du curé novice et gaffeur qui a déjà fort à faire avec son encombrante et possessive génitrice. Le jeune prêtre idéaliste et maladroit tâchera bon an mal an de mener ses ouailles haineuses sur le chemin de la rédemption.


Un ver dans le fruit est un roman noir inspiré par Bernanos et Simenon; Pascal Rabaté distille l'humour noir et le suspense pour nous offrir avec ce livre la passionnante chronique d'un village de campagne. Initialement paru en 1997, cette réédition d’un des premiers ouvrages de Rabaté est un petit bijou. L’auteur caricature avec verve et beaucoup de justesse la campagne française de l’époque. Malgré le contexte dramatique de ce polar provincial, c’est un ouvrage truffé d’humour (parfois grinçant) avec des personnages hauts en couleur et plutôt attachants (ou pas), comme on pourrait les trouver dans les films de Chabrol ou de Clouzot. Le trait noir et épais de Rabaté pour cet ouvrage monochrome réalisé à l’encre de Chine, est d’une classe impeccable, restituant avec finesse ce récit campé dans le réel.  
Une BD incontournable s’il en est, à découvrir ou à redécouvrir.

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