Habiburahman, un enfant Rohingyas, comme tant d'autres, se trouve
apatride dans son propre pays, à l'âge de trois ans, puisqu'en 1982 la
junte militaire, issue de l'ethnie majoritaire bamar de religion
bouddhiste,
décide de priver du droit à la nationalité toutes les minorités
musulmanes du pays et plus particulièrement les musulmans de la région
de l'Arakan.
"D'abord, ils ont effacé notre nom" coécrit avec Sophie Ansel, journaliste de profession,
est un témoignage poignant de cet enfant qui ne comprend pas la raison
de l'acharnement accru que subissent les siens, humiliations,
extorsion, arrestations arbitraires, expropriations et extermination
ethnique. Elève brillant, l'auteur va se heurter à la difficulté de
poursuivre ses études sous son aspect kalar, ethnie persécutée: "Je suis
devenu le "Bengali", l'étranger de mes voisins, un de ceux qui se
produisent aussi vite que des lapins
et menacent d'envahir le pays. on nous appelle les "kalars", terme
péjoratif pour les ethnies à la peau foncée". Il se voit contraint de
changer d'identité "Nyi Nyi" et de verser des pots de vin pour être
admis à l'université de Sittwé. Poussé par son professeur, il va militer
pour la LND, parti de l'opposition de Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de
la paix, comme chargé d'étude des Royingyas dans un espoir d'une
Birmanie juste, diverse et unie.
Dénoncé, il finit par fuir
son pays natal et erre entre la Thaïlande et la Malaisie, dans des
conditions terribles et implacables d'esclavage et de servitude. Après
des années de galère, il réussit à rejoindre l'Australie, où il sera interné dans un centre de rétention. Il lui a fallu une grève de la
faim pour dénoncer les conditions de détention de ces "Débris humains
échoués sur les côtes, nous sommes encore loin de retrouver notre
dignité, et dans cette cage, nous perdons foi en la justice"....
Une
fois libéré, il fait en sorte de porter devant
les instances internationales la voix de son peuple qui fait face à un processus de
purification ethnique et d'un déferlement de haine de la part des
autorités birmanes envers les Rohingyas, qui sont contraints de se
réfugier par masse au Bangladesh.
Un témoignage très fort, à
la fois cruel et émouvant, qui tire au clair le génocide actuel
perpétré envers la minorité Rohingyas permettant de faire la lumière
sur la souffrance d'un peuple et sur son combat pour la survie...
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