Kiosque - Jean Rouaud

Avant le succès de son roman "Les champs d'honneur" couronné par le Goncourt, J. Rouaud a travaillé de 1983 à 1990 dans un kiosque à journaux, rue de Flandre à Paris.

Ce sont ces années qu'il revit dans son roman, heureux de "replonger dans ce concentré d'humanité".

Avec humour et un sens aigu de l'observation, avec l'art de la formule qui frappe, il se rappelle ses clients, souvent paumés, dont il trace des portraits pittoresques, cocasses ou émouvants. Il se rappelle aussi P, son compagnon de travail, syndicaliste anarchiste, buveur invétéré depuis un chagrin d'amour dont il ne se remet pas.

Confidences sur leur vie, sur l'actualité, sur les nouveautés parisiennes (Beaubourg ou la Pyramide du Louvre) toute une époque revit. Le kiosque est une "chambre d'écho".

Rouaud se souvient aussi de ses premiers rêves déçus de gloire littéraire, de ses échecs, de son angoisse (à 36 ans) de finir comme tous les cabossés de la vie qu'il côtoie, de l'influence de ces années au kiosque qui ont infléchi son parcours littéraire. C'est là qu'il a compris que la littérature pouvait se nourrir d'une "attention pleine de prévenances pour les êtres et les choses les plus humbles". De même que "Les champs d'honneur", "Kiosque" en est la preuve certaine. 

J'ai été très sensible au regard porté sur le quotidien, à l'hommage rendu aux "petites gens", aux "perles de la rue", à l'écoute attentive de l'auteur, à ses souvenirs mélancoliques et attendris sur un monde qui n'a qu'une place réduite en littérature.

Roman d'une grande humanité.

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