Crépuscule - Philippe Claudel

 

 

 

L’histoire se déroule fin 19^ème, début 20^èmesiècle, aux confins d’un « Empire » de l’Europe de l’Est dont on ne connaîtra pas le nom, dans une petite ville perdue, froide et enneigée. Le Curé Piernig est retrouvé mort, le crâne fracassé à coups de pierre ! Qui a commis ce crime ? L’enquête est menée par un duo de choc, le Policier Nourio habité par le sens du devoir mais perturbé par ses pulsions sexuelles et son adjoint bête et dévoué, Baraj qui ne vit que pour ses chiens. Dans cette ville un peu arriérée, vivent « 54 musulmans et 1354 chrétiens ». Les habitants sont surtout identifiés par leur fonction : le Médecin, le Maire, le Rapporteur de l’Administration impériale, le Maître d’école, l’Aubergiste… des hommes surtout et deux femmes, l’épouse de Nourio et une adolescente qui sera un personnage clé, Lémia qui a découvert le corps du curé. 

 

Comment vont réagir les deux communautés religieuses ? Quelle est « la vérité » ? En effet, Philippe Claudel pose des questions importantes : qu’est-ce qui fonde la vérité historique ? comment est-elle fabriquée? Dans ce roman, il montre comment certains instrumentalisent le meurtre du curé pour que des organisations s’affrontent afin d’éradiquer la communauté musulmane dont on veut se débarrasser !

L’auteur décrit bien la nature que l’on imagine comme si on était au cinéma et nous offre des portraits très caricaturaux des différentes fonctions. Certes, il détaille beaucoup pour nous présenter des tableaux comme un peintre mais il se répète. 

L’histoire démarre lentement, trop lentement, même si Nourio prévient qu’il aime prendre son temps pour enquêter… puis s’accélère un petit peu, dans la seconde moitié, sans véritable surprise sauf pour les enquêteurs (!). Nourio est constamment perturbé par ses pulsions sexuelles omniprésentes, trop répétitives aussi. 

 

Le livre est bien construit avec des passages poétiques et quelques belles réflexions sur l’humanité. Ce roman de 500 pages que Philippe Claudel dit avoir écrit pendant 9 ans est intéressant : il se lit comme un conte noir, pas seulement un petit polar, mais aussi une fable politique historique et un roman d’aventures (chasse à l’ours).

 

 

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